Emmitouflée dans ma couette, je cachai mon visage derrière cette dernière, espérant que ma mère ne s’aperçoive pas que je ne dormais pas encore. Maman arriva à pas de loup. Ça aurait été imperceptible pour d’autres mais, pour moi, c’était une évidence. Elle le faisait chaque soir, pour s’assurer que j’étais couverte de la tête au pied ou que je dormais, tout simplement. "Tu ne penses pas qu’il serait temps de dormir, Greer ?" dit-elle de sa voix douce. Je ne me souvenais pas de la dernière fois où maman - ou même papa - avait élevé la voix sur moi. Je les avais entendu débattre sur le sujet avec des amis de la famille et ils pensaient tout deux que les punitions, corporelle ou non, étaient à bannir car elles ne faisaient que renforcer la guerre naissance entre parents et enfants, cependant ils avaient précisé qu’ils n’étaient pas à plaindre, j’étais une gentille et jolie sorcière. Démasquée, je me redressais, les bras entourant ma licorne en peluche que je n’avais plus quitté depuis mes cinq ans. "Je n'y arrive pas", murmurai-je, presque honteuse. "J’ai peur, maman." Bienveillante, ma mère vint s’asseoir à côté de moi et me caressa les cheveux. Elle savait que j’adorais cette marque d’affection, j’étais capable de m’endormir en cinq minutes lorsqu’elle me faisait ceci, excepté une nuit comme celle-ci. "Et si je ne me faisais aucun ami à Poudlard ? Peut-être vont-il me détester parce que je suis… je suis…" Je commençais à bégayer. Incapable de finir ma phrase, je serai ma peluche un peu plus contre moi. "Parce que tu es différente ?" finit par dire ma mère en remettant une mèche de cheveux derrière mon oreille. "Personne n’est obligé de savoir ce que tu es réellement, si tu n’en as pas l’envie. Jamais nous ne t’avons forcé à cacher qui tu étais, Greer, mais nous ne te forcerons jamais à te révéler au grand jour si tu n’en as pas envie mais n’oublie pas une chose, être différente ne fait pas de toi un monstre. Nous sommes pareilles, toi et moi, mais, regarde, j’ai une merveilleuse petite fille, ton papa et moi nous nous aimons plus que jamais et as-tu déjà vu l’un de nos amis avoir peur nous ?" Je secouai la tête. Peut-être avait-elle raison, être maudite n’était pas obligatoirement une mauvaise chose et, quand bien même, tous n’étaient pas obligés de savoir qui j’étais réellement. Ma mère m’embrassa le front et m’invita à me rallonger. "Maman, tu veux bien me raconter comment papa t’a sauvé ?" Elle sourit puis sortie sa baguette après avoir avoir éteinte la lumière. Aussi lointain que je me souvienne, maman illustrée toujours ses histoires de quelques coups de baguette grâce aux ombres qui étaient sur le mur. "Personne ne savait que j’existais. Ton grand-père - sa voix se nouait toujours lorsqu’elle parlait de lui - avait perdu la foi lorsque ta grand-mère a disparu, certainement définitivement transformée, trop sauvage pour se souvenir de nous. Il a fini par sombré, il a voulu oublié son chagrin jusqu’à oublier sa propre fille qu’il avait peur de perdre, elle aussi. Il avait fini par m’enfermer dans la grange, c’était certainement un acte bienveillant, à ses yeux, mais son cerveau était embrumé par l’alcool et la tristesse. Je ne sais pas réellement combien de temps je suis restée enfermée. Assez pour que l’animal qui sommeillait en moi ne se réveille, il voulait être libre, il voulait s’enfuir loin de cet enfer. Puis, un jour, tant d’évènement son arrivé que j’en ai la mémoire brouillée. J’ai entendu deux hommes, un coup de fusil, puis deux… et le calme revint quelques instants jusqu’à ce que la porte de la grange ne s’ouvre. Ça peut paraitre surréaliste de dire que j’ai épousé le premier homme que j’ai vu et pourtant… ton père se tenait là, une baguette à la main, vêtu d’une longue cape de sorcier et de son horrible costume violet, cherchant la provenance du moindre bruit. Il me raconte encore aujourd’hui qu’il ne s’attendait pas à voir un cheval, jamais il n’aurait pensé d’abord tomber nez à nez avec ça mais avec le recul, les yeux de l’animal était d’une telle détresse, d’une telle humanité qu’il s’est offert le bénéfice du doute et à dit mon prénom. Un seul et unique mot suffit pour que la bête ne s’en aille que je redevienne moi-même…"


"Dépêches-toi, Greer, j’ai quelqu’un à te présenter !" Victoire me tira par la manche de ma robe de sorcier. Elle savait que je ne pouvais rien lui refuser. Depuis qu'elle s'était assise à mes côtés dans le train qui nous menait à l'école, nous ne nous étions plus quittées. Elle était la seule en qui j'avais réellement confiance, assez pour que j'ose ne serait-ce insinué que j'étais différente mais je savais qu'elle n'était pas stupide. Elle savait que je lui cachais quelque chose. ce n'était qu'une question de temps avant qu'elle ne mette le doigt dessus. Me trainant dans les couloirs, je manquai plusieurs fois de tomber lors de nos descentes dans les escaliers. Qu'avait-elle encore trouvé ? Il n'était pas rare qu'elle me pousse à enfreindre le règlement, comme je n'étais pas totalement contre l'idée de me faufiler dans les cuisines en pleine nuit pour aller manger un festin de roi. Mais il était rare que nous fassions nos quatre cents coups à l'heure du déjeuner. Victoire continua sa course folle jusqu'à la grande salle où une tonne d'élèves était en train de manger en attendant la reprise des cours. Victoria me fatiguait, par moments, elle passait ses journées à cavaler à droite puis à gauche. Elle marchait toujours rapidement, je me demandais où elle arrivait à puiser toute cette énergie. Elle continua sa course folle jusqu’à la Grande salle pour me tirer vers la table des Gryffondor. Il n’était pas rare que les maisons ne se mélangent à leur du repas, seules nos couleurs pouvaient nous différencier les uns les autres. "Greer, je te présente Teddy et Arthur" dit Victoire d’un air enjoué. Je fronçai les sourcils, après les avoir saluer d’un signe de la main. "Greer, je te présente Teddy et Arthur" dit Victoire d’un air enjoué. Je fronçai les sourcils, après les avoir salué d’un signe de la main. "Ils sont de la même année que nous, Greer ! Teddy est dans certains de nos cours." Je haussai les épaules avant de m’asseoir pour me servir à manger. Ma main toucha celle d’Arthur lorsque je voulus prendre la cuillère pour me servir de purée. Je levai les yeux vers celui qui allait devenir l’un des hommes les plus importants de ma vie. Déjà à cette époque, il avait de magnifiques yeux bleus océan et ses cheveux couleurs blets étaient coupés cour sur les côtés. Il avait toujours semblé plus vieux que son âge, on lui donnait facilement vingt quand il en avait encore que seize mais ça ne l’avait jamais dérangé. Ses bras étaient aussi épais que mes cuisses et ses mains faisaient facilement le double des miennes mais ce que l’on ne pouvait pas retirer à ce garçon c’était sa force d’esprit, sa gentillesse et son dévouement envers ceux qu’il chérissait. Personne ne réussit à nous séparer depuis ce jour. D’abord soucieuse d’avoir de nouveaux amis, j’avais vite pris mes marques. Victoire avait pris le rôle le leader, elle était celle qui nous aidait à nous surpasser. Nos sorties à préau-lard étaient devenues de véritables expériences sociales qui nous avaient valu plus d’une heure de retenue. Mais qu’auraient été nos folles années sans nos soirées en sans fins dans la salle sur demande, nos Noël à l’école et les fêtes clandestines qu’on se plaisait à s’organiser sous l’adrénaline à nous faire attraper après le couvre-feu.

quatre ans plus tard… J’avais l’impression que chacun de mes mouvements était victime d’un Doloris. Je peinai à me redresser sur mes jambes pour sortir du lit. Chaque mouvement était une torture. J'avais mis près de trente minutes à m'habiller et vingt supplémentaires pour arranger mes plaies et cicatrices visibles. J'avais mis plusieurs autres minutes à descendre les escaliers et rejoindre la Grande salle pour aller prendre mon petit déjeuner. J'espérais que les garçons ne soient pas là, qu'ils aient manqué leur réveil pour que je puisse manger tranquillement auprès de Victoire qui jamais ne m'avait forcé à me livrer mais qui était loin d'être dupe pour autant. Mais tous étaient là. Arthur avait le bras en écharpe, ce qui ne l'empêchait pas de faire de grands mouvements pour expliquer sa grande péripétie. Je m'installai à côté de lui — qui mirent quelques instants à se rendre Copte que j'étais à ses côtés — avant de me servir des oeufs brouilles et des crêpes à la pâte à tartiner. Je me mis à prendre quelques bouchées avant que mon ami me prenne par les épaules pour me serrer contre lui. Un cri strident m'échappa. Personne n'y prêta attention, excepté Victoire qui me dévisagea plusieurs secondes en me questionnant du regard. Je me dégageai de son étreinte en grimaçant. Il était temps que mon fardeau ne s'arrête. Je montrai des yeux la porte et invitai Victoire à me suivre en dehors de la salle. "Victoire, j'ai besoin... j'ai... j'ai..." murmurai-je, presque honteuse en regarde Arthur qui racontait son épopée aux premières années qui buvaient ses paroles. "Tu... c'est toi qui as fait ça, Greer ?" dit Victoire d'une voix aussi rauque.


Je jurai intérieurement, la main sur ma bouche pour m’éviter de hurler. C’était à chaque fois la même chose, descendre dans la pénombre me valait un ou plusieurs bleus. Après six ans ici, je ne connaissais toujours pas le dortoir des Poufsouffle, contrairement à ce que je pouvais prétendre… mais qui avait eu l’idée de mettre ce maudit canapé au milieu de salle commune ? Je pris la porte en boitillant avant de passer les couloirs au pas de course - toujours en trainant ma patte folle. Sortir de l’école était un véritable jeu d’enfant, lorsque l’on savait comment s’y prendre. Rejoindre l’extérieur était un jeu d’enfant pour une personne comme moi, qui s’aventurer régulièrement hors de son dortoir lorsque l’heure étais passé. Je traversais la cour extérieure sur la pointe des pieds après avoir pris soin de vérifier que je n’étais pas suivi. Les escaliers descendaient jusqu’au parc de Poudlard où tout était si calme. Le vent me caressait les joues, faisait danser mes cheveux, comme s'il m’invitait à le rejoindre. Mais il était encore beaucoup trop tôt, je pouvais tomber sur un autre élève ayant une folie nocturne ou sur un professeur. Je me mis à courir jusqu’à l’orée de la forêt, sans un bruit, puis naturellement, ma foulée s’allongea jusqu’à ce que la bête ne refasse surface.

Je pouvais courir chaque jour un peu plus longtemps. Mes pieds étaient de plus en plus résistants. La boue ne me gênait plus, je prenais même plaisir à me rouler dedans, c’était certainement un instant chez les chevaux : se rendre plus sale qu’ils ne le sont déjà. Je peinais toujours à me relever, ça me rendait presque en colère, je me vexais plus facilement lorsque j’étais transformée, je n'étais même plus susceptible. Je glissai des postérieurs en me relevant avant de me remettre sur mes jambes. Je me secouais après avoir tapé du pied, mécontente de ce geste. Je fis aller ma tête de droite à gauche avant de reprendre ma marche sur l’un des sentiers au pas. La nuit était calme et, contrairement à ce que l’on pouvait nous dire à l’école, la forêt était calme. Il était rare que je tombe nez à nez avec un autre animal, généralement, nous préférions nous éviter. Il ne cherchait pas le conflit et moi non plus. J’avais déjà croisé des loups, des renards, des biches mais aussi des licornes, des centaures et d’autres étranges créatures dont je n’avais jamais entendus parler. J’étais tout de même aux aguets, je savais que je n’étais pas à l’abri de me risquer sur le territoire d’un animal sans le savoir. C’était fatigant de toujours traquer la moindre odeur, sursauter à chaque bruit mais que serait ma vie sans tout ceci. Alors que je m’apprêtais à rebrousser chemin, mes oreilles s’agitèrent lorsqu’un hurlement retentit plus loin. Je secouais la tête, ce n’était pas possible, personne n’était assez stupide pour venir en ses lieux en pleine nuit. Un nouveau hurlement, cette fois suivi de mon prénom. Cette voix. Je l’aurais reconnu entre mille. C’était celle d’Arthur. Je fis volte-face avant de partir plein galop en bénissant. C’était un hennissement qui m’était inconnu, il était tremblant, il était comme effrayé. Effrayé à l’idée qu’il lui arrive quoique se soit. Je m’arrêtai en hérissant une nouvelle fois, paniquée, piétinant sur place. Je l’appelais, sans qu’il puisse me comprendre. Cette voix. Le hurlement ressemblait à de la douleur. Il me déchira le coeur. Je secouais une nouvelle fois la tête en prenant ensuite la direction de ce que j’appelais la place de la forêt, c’était une clairière forestière qui était entourée d’arbres et parsemée de rocher. Le terrain était assez accidenté, il y avait de nombreux trous et la terre était molle, on s’enfonçait jusqu’aux genoux lorsque la pluie était tombée pendant plusieurs jours. Je sautais au-dessus d’un tronc — manquant de tomber, comme à mon habitude lorsque je décollais les deux pieds du sol. Devant moi se tenait un énorme loup, son poil était gris, taché de quelques poils blancs. Il grognait sur Arthur, prêt à l’attaquer, prêt à le déchiqueter pour se nourrir de sa chair. Je voyais sur le visage de mon ami ce que je n’avais jamais vu : de la peur, cette véritable peur qui tétanisait tout homme, peu importe son courage. Son visage était balafré, son bras ensanglanté. Je baissais les oreilles avant de me redresser sur mes jambes arrière. Mes crins blancs dansèrent au gré du vent, mes sabots tapèrent le sol avec une telle force que mon corps tout entier vibra. Le loup se retourna vers moi alors que je le provoquais, hérissant, claquant des dents, grattant le sol fébrilement, il grogna tout en s’avançant vers moi. De la bave coulait de ses babines qui moussaient, comme s'il est heureux de voir son nouveau diner. J’essayais de paraître plus imposante. J’espérais qu’il me suive loin d’Arthur pour qu’il s’enfuit, pour qu’il se mettre à l’abri loin de cette folie. Mais le loup bondit plus vite que son ombre jusqu’à mon encolure, m’agrippant cette dernière comme si sa vie en dépendait. La douleur me fit défaillir, mes genoux heurtèrent me sol. Je semblais déjà vidé de mes forces. Je soufflai bruyamment. Jamais maman ne m’avait apprise à me battre. Jamais je n’aurais cru devoir le faire. Un bruit sortit de ma bouche alors que je regardais Arthur, toujours aussi tétanisée, impuissant devant ce qu’il voyait. Comme si ma dernière heure était venue, plusieurs images défilèrent devant mes yeux. Ma rentrée à l’école. Le Choixpeau. Vic. Teddy. Arthur. Arthur. Toute ma vie tournait autour de lui. Toutes mes décisions avaient été prise en fonction de lui. Il était celui qui m’avait poussé à me dépasser. Dans un dernier effort, je me levais avant de jeter contre un arbre, coinçant l’animal entre celui-ci et mon corps. Il finit par me lâcher sous la pression que j’exerçais contre lui. Je m’éloignais pour me mettre devant Arthur, les oreilles plaquaient contre ma nuque, claquant des dents, prête à mordre. Le loup se releva difficilement. Je pris les devants avant qu’il ne jette une nouvelle fois sur moi, j’avançais en levant les antérieurs, les lançant pour l’éloigner. L’un de mes sabots heurta sa tête, sonnant l’animal qui tituba. Il fit quelques pas en arrière alors que je continuais de piétiner devant moi pour le faire fuir. Je me cabrai une dernière fois, ce qui lui fit faire demi-tour et ce dernier disparu dans la pénombre. Je retournai la tête vers Arthur qui semblait reprendre ses esprits. Je m’approchai de lui pour frotter mon nez contre son visage. Je me voulais rassurante bien que la colère m’animât. Tout ceci était de ma faute. Il m’avait suivi. Il avait failli perdre la vie, à cause moi. Il était temps. Il était temps que le cauchemar disparaisse.

Assis près du lac noir, nous nous étions réunis pour la dernière fois dans ce parc. Nous étions tous dans le déni. Nous pensions que la vie active ne séparerait pas mais j'étais sans doute la plus réaliste du groupe. Mon nouveau stage à l'hôpital Ste Mangouste allait me prendre le plus clair de mon temps. J'avais eu une chance folle d'avoir été acceptée malgré mes résultats médiocres, mes nombreux avertissements... papa s'était battu pour moi et je ne pouvais me permettre de le décevoir. Mais comment pouvais-je ne serait-ce qu'un instant à arrêter de les voir définitivement. Victoire et Teddy se chamaillaient gentiment, comme à leur habitude. Ils étaient beaux, ensemble. Arthur était un peu plus loin, à jeter des pierres sur le lac en faisant des ricochets. Il se tourna vers moi alors que j'arrachais une touffe d'herbes qui ne m'avait pourtant rien fait. Arthur tendit la main vers moi. "Viens, je vais t'apprendre" dit-il en m'aidant à me relever. "Ça fait trois ans que tu essayes de m'apprendre, j'en suis incapable." Il s'en fichait, il me donna l'un de ses cailloux plat, parfait pour faire des ricochets, avant de me placer devant le lac en prenant dans les épaules. Il plaça les jambes en écartant mes pieds à l'aide du sien, orienta mon buste et attrapa mes poignets en se plaçant derrière moi. Son torse était collé contre mon dos, il avait une chaleur corporelle peu commune et ses muscles avaient fini par se dessiner par la rage qu'il avait à s'entrainer au Quidditch. Lorsqu'il nous avait annoncés qu'il était sur la liste pour partir en France pour intégrer l'équipe nationale, aucun de nous n'a été surpris. Nous étions tous heureux pour lui mais aussi tous terrassés à l'idée de le voir s'en aller. C'est ce qui m'avait fait comprendre qu'aucune amitié n'est éternelle. Arthur m'apprit le geste, une nouvelle fois, mais la pierre tomba au fond de l'eau systématiquement. "Oui, je pense effectivement que tu es... nulle" dit mon ami après quelques essais infructueux. Je haussai les épaules. Avant de me rassoir dans l'herbe. Arthur fit de même en me prenant pour les épaules pour que je vienne me blottir contre lui. Je n'aimais pas ça, habituellement, pour tout avouer, je n'aimais pas les contacts physiques, sauf quand il s'agissait de lui.

"Je viens voir Arthur, ce n'est pourtant pas compliqué à comprendre !" m'exclamai-je. Le deuxième année fit un pas en arrière en recroquevillant sur lui-même. Je les regardais tour à tour, espérant que l'un d'eux ne se décide à monter dans le dortoir pour aller chercher mon ami. Mais  ce dernier descendit en ayant entendu le vacarme qu'avait causé mon arrivée. "Greer ? Qu'est-ce que tu fais ici ?" demanda-t-il, hébété. Je regardai autour de moi alors que les autres élèves nous regardaient. "Viens, j'ai quelque chose à te montrer" dis-je simplement en sortant de la Salle Commune des lions. Je lui pris la main et, pour la première fois, nos doigts s'entrelacèrent. C'était une étrange sensation, différente de toute celle que je connaissais jusqu'à présent. Sa présence me rassurait. Il serra délicatement ma main dans la sienne alors que je l'emmenais au septième étage. Les escaliers étaient lents, à croire qu'ils se plaisaient à prendre leur temps. Étrangement, je n'osais croiser son regard. J'avais bien trop peur de ce qu'il pouvait dire, ce que mon visage pouvait insinuer. En réalité, j'avais agi de manière impulsive. Mon sommeil était tourmenté tant il me manquait. Son départ pour la France me rendait folle, je ne pensais plus qu'à cet acte inévitable. "Greer, tu vas finir par me dire ce qui se passe ?" J'étais à lui dire de la fermer, d'attendre et de se taire mais, au lieu de ça, mes lèvres se posèrent sur les siennes. J’avais tant imaginé ce moment, j’avais tant espéré de ce dernier. Il n’avait rien de comparable avec tous les baiser que j’avais pu échanger avec d’autres garçons — ou filles. Il était étonnament doux, protecteur, rempli d’un je-ne-sais-quoi. Ses bras virent m’entourer, comme pour m’envelopper, comme s'il avait peur que je ne m’envole. Ce baiser me sembla une éternité et, pourtant, il s’acheva bien trop rapidement lorsque nous titubions tous les deux quand l’escalier s’arrêta dans le vide, bloqué. "Je pense qu’il va falloir que l’on continue à pied. Je t’aide ?" finit par dire mon ami en sautant sur la pallier qui rejoignait le sixième étage. Il avait vu clair dans mon jeu mais étions-nous véritablement capables d'en arriver jusque-là ? Il me tendit la main et le rattrapa alors que je le rejoignais. Une nouvelle étreinte, différente de toutes celles que l'on avait pu avoir, j'en étais presque mal à l'aise et aucun de nous n'osait croiser le regard de l'autre. Notre périple continua au pas de course dans le couloir. J'étais naturellement plus rapide que lui, malgré ma petite taille, la bête en moi m'avait donné un certain avantage lorsqu'il s'agissait de courir. La Salle sur Demande était capricieuse, elle n'apparaissait que lorsque l'on en avait réellement besoin. Pourtant, elle avait accueilli bons nombres de soirées clandestines ou couple à la recherche de réconfort et de tranquillité. Mais lorsqu'Arthur et moi arrivions devant le pan de mur où la porte apparaissait habituellement, le mur resta de marbre. Un long silence gênant s'installa alors que mes doigts se resserrèrent entre eux. Je me mordis la lèvre. Peut-être que l'école essayait de nous faire comprendre que nous faisions une erreur. Je me risquai à tourner les yeux vers Arthur qui resta de marbre, il ne semblait pas en colère, ni même déçu, il attendait. Je sursautai alors que la porte commença à se dessiner sur les pierres. Elle était en bois massif foncé, dépourvu de serrure, seul une petite poignet en laiton venait dénaturer cette dernière. Je m'empressai d'ouvrir la porte pour y rentrer avec que la salle ne change d'avis et ne disparaisse. La pièce ressemblait à un minuscule appartement dépourvu de fenêtres, rempli de lumières flottantes, mais il n'y avait aucun meuble, il ya avait simplement des plaids et couvertures empilées soigneusement les un sur le sautres mais aucune table, chaise ou lit n'étaient apparus. "Je ne suis pas sûre de comprendre..." finis-je par dire alors qu'Arthur s'avança vers les couvertures avant de s'y étendre, à pied de chaussettes. Je restai debout devant lui, les bras croisés et un air que j'aurai voulu sévère sur le visage mais il sourit. Il sourit simplement avant de me tendre une nouvelle fois sa main pour m'attirer avec lui. Ça aurait été mentir de dire que ce n'était pas confortable, presque autant qu'un lit. "Ça fait peut-être quatre ans que je pense à cet endroit mais c'était encore plus beau." Je me tournai vers lui en fronçant les sourcils. "Ne fais pas semblant de ne pas comprendre, Greer" dit-il, gêné, en me lançant l'un des oreillers. "Mais je n'ai rien dit" La conversation n'avait ni queue, ni tête, elle était d'une banalité affligeante. Couper court à cette dernière semblait la meilleure solution. Une nouvelle fois, je l'embrassai en posant ma main sur son visage. Il était maintenant plus nécessaire de discuter. Il n'y avait plus que des gestes, des attentions, des mouvements. Il passa ses mains sur ma taille pour me serrer contre lui. Nous n'avions jamais été aussi proche. Jamais je n'avais senti un tel désir dans ma poitrine mais ma conscience me retenait, me répétait que cette union n'aboutirait à rien, si ce n'est de la douleur pour les prochains mois, les prochaines années... L'une de ses mains se perdit dans mes cheveux alors que je parcourais son corps d'un geste incertain. Ses muscles étaient contractés, ses baisers devenaient désireux, je sentais qu'il peinait à se contrôler devant tant de gestes lents. J'en jouais, il était naturellement pressé de nature, il n'aimait pas attendre, il détestait que l'on se fasse désirer. Je passais mes doigts sur son torse. Il avait un corps dessiné, on pouvait l'apercevoir lorsqu'il mettait des habits de ville indesçant. À cet instant, je compris qu'il m'étais impossible de faire marche arrière et cette appréhension qui m'animer jusque là disparue. Les choses allèrent à une vitesse affolante, il s’empressa de retirer son propre t-shirt avant de me faire basculer sur lui. Toute la gêne qu’il y avait en moi disparu en même temps que ma robe qui finit par rejoindre son haut. À présent simplement vêtue d’une culotte, il ne pouvait cacher le désir qu’il avait pour moi tout comme j'avais fini pas abandonner l'idée de ne plus me livrer à lui, nos baisers avait disparu pour des caresses, un simple mouvement pour lui faire perdre le contrôle. Ses mains s'aventurèrent sur ma poitrine avant qui ne me bascule à ses côtés pour venir y déposer ses lèvres, descendant ses baisers le long de mon ventre. Mon corps se cambra naturellement, les paupières closes, alors que ma culotte glissa le long de mes cuisses pour finir sa course avec le reste de nos vêtements.

Arthur dormait paisiblement. Sa respiration était étonnement calme. Il semblait, pour la première fois depuis que je le connaissais, apaisé. Je déposai un baiser sur sa joue, espérant le réveiller sans que je ne doive lui lancer un Aguamenti. Il ouvrit un oeil en souriant avant de le refermer aussitôt. "Arrête de faire l'idiot !" lui dis-je en attrapant robe pour l'enfiler. "On va être en retard et rater le train." Il m'attrapa contre lui pour m'enlacer. "On pourrait peut-être rester ici. On ne manquerait de rien et je suis sûre que les elfes seraient heureux à l'idée de nous apporter de la nourriture" fit-il en posant son menton sur mon épaule. Je levai les yeux au ciel en lui donnant son pantalon, pour l'inciter à se rhabiller à son tour. "Tu sais très bien que c'est impossible. Mon père appellerait les aurors alors que l'on aurait à peine eu le temps de dire Merlin. Et j'ai vraiment hâte de faire mon stage" Arthur fronça les sourcils pendant que je m'attachais les cheveux. "Quoi ?" Il secoua la tête. "J'ai pensé que... peut-être que tu pourrais venir avec moi, en France." J'eus un rire nerveux. Moi ? Quitter l'Angleterre ? Impossible. "Tu sais que je ferai n'importe quoi pour toi, Arthur, mais ce n'est pas possible, j'ai eu beaucoup de chance d'avoir ce stage... c'est comme si je te demandais de rester ici pour être à mes côtés." Il me regardait en haussant les épaules. "Aucune autre équipe ne m'a contactée pour l'intégrer mais, toi, tu pourrais faire ton stage n'importe où." Une nouvelle fois, je fronçais les sourcils. Où voulait-il en venir ? "Qu'est-ce que tu veux dire pas là ?" Et, en une fraction de seconde, un mot, une conversation, six ans partirent en fumée.


"Où étais-tu passée, Greer ?" Je levai les yeux au ciel. Pas une journée ne passait sans qu'un reproche ne me soit fait. Je fermai la porte avant de lancer ma veste sur l'une des chaises de la cuisine. "Je travaillais" répondis-je simplement sans regarder mon fiancé, assis dans le canapé devant un film moldu. "Je m'inquiète pour toi, tu le sais" dit Jason alors que je sortis une brique de jus d'orange de notre réfrigérateur pour m'en servir un verre. "Tout va bien, arrête de sans cesse me poser des questions, je ne vais pas m'envoler pas comme..." Jason finit ma phrase. Comme ma mère. Un an. Elle s'était volatilisée. Papa et moi étions les seuls à connaitre les circonstances, sans pour autant nous être complètement remis de son départ si soudain, mais comment pouvais-je avouer à la personne avec qui je vivais que chaque soir je m'éclipsais pour ne pas devenir folle. Le fardeau avait repris le dessus. Le monstre s'était réveillé et, cette fois, il m'était impossible de m'en débarrasser. Il se tortillais chaque jour dans mon ventre, comme un serpent. Jason tendit un bras vers moi, m'invitant à venir à ses côtés. Nous nous étions trouvés quand nous avions besoin de quelqu'un. Personne ne savait réellement où aller cette relation, si nos fiançailles étaient une bonne idée. Au fond de nous, nous avions simplement besoin d'oublier. Il me serra un peu contre lui alors que je posais mon épaule sur son épaule. J'étais fatiguée. Fatiguée de tout ce que les autres m'imposaient et ce que j'imposais à mon propre corps. Il m'embrassa tendrement le haut du crâne. Les images sur la télévision s'embrumèrent peu à peu avant que la pénombre de m'emporte.