(maevian) older

(few days ago) Assise dans son fauteuil préféré, elle feuilletait un vieil album photo qu’elle avait retrouvé dans les affaires de sa mère après sa mort. A l’intérieur, des photos de Chris et elle, enfants, se succédaient années après années, jusqu’à cette date, en février 2007, où la joie et l’insouciance des enfants avaient laissé place à des pages blanches. A certains endroits, des tâches d’humidité laissaient deviner les larmes de regret de leur mère. Elle en voulait parfois à sa mère de les avoir séparés, elle s’en voulait aussi de ne pas avoir deviné que Chris n’était pas mort … Quelques années après la mort de sa mère, dans un accès de rage, elle avait d’ailleurs balancé cet album contre un mur. La couverture, en se déchirant, avait laissé paraître une lettre d’excuse qu’elle avait soigneusement caché. En lisant ces mots, elle n’avait plus réussi à en vouloir à sa mère. Cette lettre l’avait apaisée, même si elle ne lui était pas adressée, parce que oui, cette lettre, sa mère l’avait adressée à Chris … Elle aurait voulu lui faire parvenir avant, elle aurait voulu qu’il la lise, mais cet échange aurait été trop dangereux. Chris – Cassian – lui manquait horriblement. Ils ne s’étaient plus vraiment parlé depuis qu’elle était partie de Londres la première fois. Il s’était passé tellement de choses qu’ils n’avaient pas pu vivre ensemble, et maintenant qu’ils étaient dans le même pays, ils ne pouvaient même pas communiquer sans que le gouvernement ne soit au courant et l’utilise contre eux. Tout cela était trop risqué … « Mae, tu viens te coucher ? » Ses yeux embués de larmes croisèrent le regard de Finn. « Je … J’arrive. » Il s’approcha d’elle en sentant sa détresse. « Tu devrais le contacter. Tu devrais lui envoyer une lettre. Tu sais, j’ai entendu dire qu’il existait un réseau qui permettait de transmettre des messages entre des sorciers et des gens normaux. » Le choix des mots la fit frémir. « Je suis désolé, je ne voulais pas dire ça comme ça, mais … Je ne sais pas trop ce qu’on est lorsqu’on n’est pas sorciers - Je … Oui nan … C’est pas grave. Mais je ne peux pas faire ça. Si la lettre était interceptée, je me ferais démasquée, Cassian serait en danger … Je ne peux pas … » Il souleva son menton et glissa une de ses mèches de cheveux derrière son oreille. « Tu te souviens du code secret qu’on avait mis en place pour communiquer sans que les parents ne comprennent ? Je suis sûr que Chris … enfin Cassian s’en souviendra … Laisse-lui une chance de te voir. Laisse-toi une chance de lui expliquer ce qu’il se passe. » Il posa un baiser sur sa joue et quitta la pièce. Elle avait du mal à l’admettre, mais Finn avait raison … Cela pourrait marcher … Elle attrapa une feuille, un stylo et écrivit un message à l’attention de son frère. Elle l’invitait à la rejoindre dans un des bars ouverts à la fois aux sorciers et aux no-majs, dans trois jours. Elle voulait lui parler, elle voulait s’expliquer. Il lui manquait …

(d-day) La nuit tombait doucement sur la ville, enveloppant les rues d’une sinistre atmosphère. Elle avait été nerveuse toute la journée, incapable de se concentrer sur les tâches qu’on lui avait confiées. Prétextant une grande fatigue, on lui avait permis de rentrer chez elle. Mais cela n’avait rien changé, elle avait fait les cents pas dans son appartement, ne pouvant occuper son esprit autrement qu’en s’imaginant les pires scénarios pour ses retrouvailles avec Cassian. Il était l’heure de se rendre à ce rendez-vous et de voir comment les choses allaient vraiment se passer … Dehors la pluie tombait à verse et le vent soufflait par rafale. A peine avait-elle fait quelques mètres dehors qu’elle était déjà trempée. Elle accéléra le pas mais rien ne l’empêcha d’arriver complètement dégoulinante à l’entrée de l’immeuble qui abritait le bar clandestin. Elle s’en voulait de ne pas avoir prévu une tenue de rechange et espérait qu’on la laisse entrer dans cet état. Elle pénétra dans le bâtiment où un gardien l’arrêta. « Que faites-vous ici ? – Méfaits et danse … » Il resta impassible, la fixa pendant quelques minutes, avant de lui indiquer une porte cachée dans une alcôve. « Merci beaucoup ! » Elle le contourna et prit l’escalier qui menait vers le sous-sol. En arrivant en bas, elle eut besoin de quelques secondes pour s’habituer à l’atmosphère tamisée du bar. Au fond, un groupe jouait leurs compositions, et dans la salle, la plupart des tables étaient occupées. Heureusement pour elle, une table dans un coin de la salle était encore libre, elle alla s’y asseoir et commanda un verre pour se détendre. Elle ne savait même pas s’il allait venir, s’il avait seulement reçu sa lettre … Il lui en voulait peut-être. Il lui en voulait sûrement de travailler pour les Héritiers de Salem, s’être amie avec eux. Mais il comprendrait pourquoi une fois qu’elle lui aurait expliqué … Comprendra-t-il ?

older — maeve

Rien n’était évident ces derniers temps. L’absence d’Eve et de ses enfants rendaient son quotidien particulièrement déprimant. Il avait tout perdu le brun, depuis qu’il avait été décidé que les non-majs et les sorciers n’avaient plus le droit de se fréquenter. Souvent, il se demandait de quel droit quelqu’un avait pris une telle décision, comme si c’était parfaitement normal. Ils vivaient dans un monde censé avoir avancé, évolué au cours des années et là, ils se retrouvaient des siècles en arrière. Il n’aimait pas Cass, cette différenciation entre les sorciers et les moldus, comme s’ils étaient deux espèces complètement différentes qui ne devaient pas vivre ensemble et encore moins se croiser. N’étaient-ils pas tous humains avant tout ? C’était son point de vue sur la question, une idéologie qui n’était pas partagée par tout le monde, à commencer par ses propres parents. Sa mère s’était débarrassée de lui quand il avait commencé à manifester des pouvoirs et elle l’avait fait passer pour mort. C’était sûr que dans un monde avec des gens portant des idées pareilles, ça aurait été trop beau que sorciers et non-majs vivent bien longtemps en parfaite harmonie. Une chose était certaine, il vivait dans une constante frustration à présent le brun. Dans quel monde est-ce qu’on séparait un père de ses enfants comme ça, sans autre raison que le fait qu’il soit sorcier et ses enfants, trop jeunes pour qu’on sache s’ils le seraient ou non ? On l’avait séparé de son épouse aussi, parce que sous ce régime, on ne pouvait pas non plus choisir qui aimer. Ça le rendait fou Cassian et ça le déprimait, le poussé à broyer du noir pendant des heures, enfermés dans ses appartements, dans le château de Poudlard. Château qu’il quittait de moins en moins souvent, tant la dépression semblait insidieusement s’emparer de toute sa motivation.

Il avait reçu une lettre de sa sœur, qu’il avait bien eu envie de balancer dans la cheminée sans même chercher à y comprendre quoi que ce soit. C’était une perte de temps. Aux dernières nouvelles, Maeve s’était rangée su côté des héritiers de Salem, un choix qu’il ne comprenait pas le brun. Il n’était pas complètement débile, il avait toujours senti qu’il y avait quelque chose entre Yasen et elle et peut-être que les deux concernés avaient été les seuls assez aveugles pour ne pas s’en rendre compte, il n’en savait trop rien Cassian. Mais Yasen avait été un sorcier. Alors rien que pour lui, pour son honneur à lui, en respect à sa mémoire, elle devrait avoir honte d’avoir rejoint un tel camp. C’était sans parler de lui, il était quand même son frère, celui que leur père avait envoyé balader dans un pays inconnu, avec la promesse qu’on viendrait s’occuper de lui, pendant qu’aux États-Unis elle organisait ses funérailles. Maeve elle aurait dû avoir plus de respect que ça pour les sorciers et les choix qu’elle avait pu faire l’enrageait. Il ne comprenait pas. Tout ce qui l’avait poussé à lire la lettre, c’était le fait de réalisé que nombreux étaient ceux qui pensaient que lui, il avait rejoint les puristes sorciers, avec ses bonnes excuses et ses nombreuses raisons de détester les moldus. Il suffisait qu’il mette son mariage de côté et qu’il raconte son enfance pour qu’on pense que sa place était en effet du côté de la renaissance du phénix – un nom qui soit dit en passant faisait honte à l’ordre du phénix, évoqué dans les livres d’histoire de la magie. Peut-être que Maeve avait également de bonnes raisons d’avoir fait un tel choix. Il avait encore de l’espoir, Cass et il était prêt à lui laisser le bénéfice du doute à sa sœur. Alors il avait lu cette lettre et il avait décidé de se rendre au point de rendez-vous. Un bar clandestin, le genre d’endroit où il aimerait pouvoir retrouver Eve et ses enfants, mais clairement, ce n’était pas un lieu pour les enfants en bas âge et il ne voulait pas que son épouse s’attire des ennuis. Ils avaient deux enfants, il fallait qu’au moins un d’eux reste prudent, pour leur bien. Quoi qu’il en soit, il s’était rendu au bar, transplant à proximité pour s’épargner la lui. Il avait balancé le mot de passe noté par sa sœur pour qu’on le laisse passer. Malgré la foule, il l’avait repérée à une table à laquelle il était allé la rejoindre. « Hey. » Il n’avait rien de mieux à dire pour le moment, restant particulièrement méfiant. Peut-être qu’elle lui tendait un piège. Ils vivaient dans un mode tellement fou qu’il était compliqué de savoir à qui faire confiance. « Alors, qu’est-ce que tu veux ? » Autant aller dans le vif du sujet au lieu de se perdre dans des banalités, ils n’étaient pas là pour ça. Ils bravaient des interdits pour se voir, alors ils n’avaient pas de temps à perdre. Cassian en tout cas, malgré tout le temps qu’il passait à déprimer à Poudlard, il considérait quand même qu’il n’avait pas de temps à perdre, surtout si elle était bel et bien chez les héritier de Salem.