suspirium.

vasyl avramenko

“ All is well, as long as we keep spinning, here and now, dancing behind a wall. When the old songs and laughter we do are forgiven always and never been true.”

nom : Les racines étrangères s’étendent jusqu’au patronyme, craché avec difficulté par les locaux dont les sonorités ampoulées peinent à s’adapter à la rudesse ukrainienne. Avramenko ou le cancer qui a gagné l'Angleterre depuis la dernière génération, rejetons des bas fond métastasant les hautes sphères avec un culot biblique. prénom : Vasyl. Trop de rejetons pour penser à plus d’un prénom pour chacun. naissance, nationalité & âge : Né un douze mai 1991 à Londres. A trente-six ans, Vasyl regarde sa vie lui passer sous le nez à la vitesse d’un abraxan lancé au galop. ascendance : Sorcier d'une famille à priori non-magique, il était pourtant seulement le premier ; un cadet partage ses aptitudes, pour ce que ça vaut (ils ne sont pas plus proches pour autant). scolarité : Poudlard (serpentard), avant d’entrer à l’UMSL peu de temps après sa création (ingémagie et magie théorique et fondamentale en sortilèges et enchantements). Il effectue par la suite un passage sur les bancs de l’UCL (ec) occupation actuelle : Fondateur de PMS (Patronus Message Service), start-up dont le succès a permis la création de Sophos Initiative, entreprise multi-marchés dont les innovations technomagiques ont pendant longtemps mêlé magie et technologie. statut matrimonial : Une brève union avec Ren Ogura, une sorcière anglo-japonaise rencontrée à Tokyo. Le mariage prend l’eau et ils divorcent deux ans plus tard. Les mauvaises langues diront qu’une fois obtenus les investissements faramineux de la belle-famille, Vasyl s’est débarrassé d’elle sans l’ombre d’un remord. Difficile de savoir ce qu’il en est réellement, le romantisme étant reconnu par le plus grand nombre comme exclu de ses aptitudes. De sa relation avec Leonor Chetwynd est née une petite fille, âgée de neuf ans. Le salaud a préféré ses opportunités professionnelles à ce qu’il voyait alors comme une entrave à sa carrière et son indépendance. La gosse a grandi loin de lui, et s’il noie plutôt bien le regret dans le firewhisky et les coucheries sans lendemain, pas certain que ses erreurs ne finiront pas par le rattraper par la peau du cou, et plus vite qu’il ne le pense. inventaire : détaillez la baguette pour les sorciers, les armes éventuelles pour les non-magiques. allégeance : La sienne avant toute autre. Les discours séparatistes n’ont cependant jamais eu d'attrait à ses yeux. La Réunification a été un terreau fertile pour construire l’empire sur lequel il est assis aujourd’hui et il voit d’un très mauvais oeil l’organisation catastrophique du régime autoritaire qui règne depuis le coup d’état. Ses affaires sont exclues du commerce international, des employés disparaissent du jour au lendemain et quelque part, sa fille risque de payer pour son ascendance douteuse. Par confort, il revendique un soutien factice à la Renaissance du Phoenix. particularités : Occlumens. S'est vaguement projeté en tant qu'animagus, tenté par le défi que cela représentait, mais il a laissé tomber, finalement peu intéressé par la chose (à quoi bon). avatar : Boyd Holbrook.

choses à savoir : (1.) Personnalité INTJ. Fait d’impatience et de pragmatisme, Vasyl ne laisse aucun place à la chance ou au hasard. Anticipe tout dans les moindres détails, car c’est bien là que se trouvent les clefs du succès. Et du succès, Vasyl en demande et ne compte que sur lui-même pour l’obtenir. Porte les travaux de groupe en horreur. Crache sur les incompétents, la médiocrité dans son ensemble, sur ceux qui restent sur leurs acquis sans chercher à s’élever. Ne gagnent son estime que ceux qui entreprennent des choses, mêmes imprudentes. Nimbé d’une confiance à toute épreuve ; ne recule devant rien, surtout pas devant un défi. L’esprit de compétition élevé à des sommets. Déteste avoir tort - de fait, pense toujours avoir raison et trouvera le moyen de vous le démontrer par a+b jusqu’à ce que vous en soyez convaincu. Dénué de la moindre fibre altruiste ; un individualisme qui lui coûtera deux fois son couple et le laissera dans une solitude crasse dont il doute d’arriver à sortir à la veille de la quarantaine. Et s’il est indéniablement brillant, il reste infoutu de comprendre ce que l’on attend de lui dans les relations familiales ou amoureuses. Manque cruellement de subtilité, malgré un talent indéniable pour manipuler la vérité afin qu’elle colle aux attentes des autres. (2.) Magie agressive mais diablement efficace, n’a jamais cherché à faire dans la dentelle. (3.) Se définit comme un sorcier moderne et moderniste, n’a jamais porté de cape, encore moins de chapeau, manipule la technologie aussi facilement que la magie, a détesté Poudlard pour ce que l’école recelait de désuet, comme bloquée dans le passé. Le retour en arrière du monde sorcier lui reste en travers de la gorge. Méprise les sorciers qui restent collés à leurs traditions ancestrales, plus encore ceux qui clament leur sang-pur comme si cela leur accordait un pouvoir particulier et ne faisait pas d’eux des consanguins débiles. (4.) La connaissance est la clef de tout. Au boulot, en société. Vasyl met un point d’honneur à se tenir informé, passe un temps considérable devant les informations, et garde précieusement dans son carnet d’adresse tous les contacts qui pourraient lui être utiles. Ne supporte pas de rester dans l’ignorance et ne se satisfait pas de réponses vagues, pousse les interrogations aussi loin que nécessaire pour avoir une vue d’ensemble sur une question restée en suspens, au risque de se montrer brusque. (5.) Décrit comme un despote dans les couloirs de l’entreprise. A envoyé plusieurs employés au burn-out, ne s’est pas remis en cause pour autant. A pondu une clause de confidentialité longue comme la liste de décrets de la Coalition.

Chronologie : (1989) Arrivée de Marya et Pavlo Avramenko. Ouvriers ukrainiens ayant fui la misère d’Antratsyt, le couple rêve d’un renouveau. Marya est embauchée en tant que femme de ménage dans des hôtels miteux, Pavlo travaille dans le garage d’une vague connaissance de l’est établi à Londres depuis quelques années ; le commerce, d’une légalité douteuse, ne marche pas aussi fort qu’espéré. L’idéal rêvé se noie dans la déception et la misère (certes différente) qu’ils retrouvent dans la capitale anglaise. Les fins de mois sont rudes et l’appartement va finir par être trop petit pour accueillir la marmaille qui suivra. (15 mai 1991) Naissance de Vasyl. (1993) Naissance du cadet. (12 août 1996) Naissance de Yasen, troisième et dernier garçon. (1997) Première manifestation des pouvoirs de Vasyl. (1999) ? Naissance de Ksenia. (2001) Naissance de la dernière fille et enfant de la fratrie, Nastya. (2004) Pavlo embrasse le sol d’une cellule pour une sordide histoire de trafic de voitures volées. Marya se retrouve seule à élever les cinq marmots hurlants qui lui tiennent lieu de descendance. Son ton se durcit, sa tendresse à leur égard s’évanouit à mesure que les tâches ménagères et les charges financières s’abattent sur ses seules épaules. (2005) Pavlo décède en prison. (sept. 2003) Première rentrée à Poudlard. Il aurait eu sa place à Serdaigle mais, pour l’indépendance et l’ambition sans faille dont il fait montre, le Choixpeau l'envoie à Serpentard. Sa scolarité se déroulera sous le signe de l’excellence ; nommé préfet en cinquième année, batteur dans l’équipe de Quidditch de sa maison, ses frasques à répétition se laisseront oublier par son assiduité scolaire. (juill. 2009) La totalité de ses ASPICS en poche, Vasyl sort de Poudlard et intègre l’UMSL. Il débute un double cursus en ingémagie et magie théorique en sortilèges et enchantements. Devant le coût ahurissant de ses études et l’impossibilité pour sa mère de pallier à ces dépenses (futiles, dira-t-elle un beau jour, un reniflement dédaigneux pour toute réaction lorsqu’il lui exposera ses ambitieux projets d’avenir), il enchaîne les petits boulots et arrondit ses fins de mois en revendant des devoirs et des cours à des étudiants fortunés, mais feignants. Il y gagne un dédain croissant pour ces incapables bourrés de fric, dont le seul attribut est celui d’avoir hérité de l'opulence parentale. Des incapables pour qui la chance tourne plus vite, et ça le débecte, de les voir lui jeter des biftons d’un air condescendant à la réception du travail effectué pour eux. (2014) Sort avec l’équivalent d’un master de ses études. Décroche des stages dans quelques entreprises sorcières plus ou moins intéressantes, et grâce à des contacts bien placés, part pour huit mois dans une filiale japonaise. Un filon qu’il gardera précieusement dans son carnet d’adresse, la clef de son succès futur. (2015) Nastya décède au cours de l’épidémie d’éclabouille qui terrasse le pays. Vasyl rentre de San Francisco en catastrophe. Les obsèques sont silencieuses, et les regards échangés entre frangins chargés de reproches non-dits. (2017) Création de PMS (Patronus Message Service) avec Oxentine, surnommé Hoax pour ses talents en informatique, un sorcier né-moldu rencontré sur les bancs de la fac. Rencontre de Leonor Chetwynd au cours de soirées étudiantes. Début de relation, attachement singulier, malgré un dégoût certain pour ce que représente sa famille ; cette même noblesse qui le regarde de haut, forte de la certitude que quoi qu’il fasse, ses origines crasseuses entacheront toujours son nom. Ses relations avec le père de Leonor en particulier sont tendues et les esclandres veillent à chaque repas de famille auquel il s’efforce d’assister, pour elle. (2018) Réunification. Outre ce que cela signifie pour Leonor et lui, il y voit surtout la possibilité d’entreprendre ce qui n’a encore été jamais fait : allier technomagie et technologie moldue. PMS prend un nouveau virage et le projet gagne en puissance et en ambition et, tout en laissant sa boîte aux mains de son associé, il repart à Tokyo malgré les réticences de Leonor. Promis, ce ne sera que pour quelques mois. (2019) L’ouverture des universités no-maj aux sorciers n’est pas une opportunité qu’il laissera passer ; il repart dans des études, à l’UCL cette fois, le cul vissé aux bancs de la fac après s’être inscrit avec un enthousiasme débordant dans un cursus d’ingénierie physique, bien loin de sa zone de confort. Malgré sa propre connaissance du monde moldu, il ne décrochera pas de diplôme à l’UCL mais qu’importe : les idées sont là, et les non-maj avec qui il compte bien travailler feront le reste et combleront les zones d’ombre restantes. (2020) Leonor tombe enceinte. C’était loin d’être prévu, et si son coeur se soulève bizarrement à la simple idée de ce qui se profile pour eux deux, l’amour ploie sous les opportunités professionnelles qui fleurissent de toutes parts et en particulier à l’étranger cette année là. La sentence est sans appel ; douloureuse, mais sans appel. Vasyl choisit son travail, décide de ne pas assumer l’enfant et il lui semble même suggérer à Leo d’abandonner la grossesse pour qu’elle le suive aux Etats-Unis avant que la claque ne résonne sèchement dans l’appartement. (2021) PMS devient Sophos Initiative après l'obtention d'investissements faramineux venus des Etats-Unis et du Japon, notamment de la part de Ikuno Ogura, pionnier japonais en matière d'innovation technomagique qui le suit depuis ses débuts avec PMS. (2023) Mariage avec Ren Ogura L’alliance est vieille comme le monde, le mariage lui assure la fidélité de l’homme d’affaire au capital faramineux. Le mariage est célébré deux fois : une fois à Tokyo, une fois à Londres, où ils s’établiront. (2025) Ren apprend l’existence de Sybil et réalise que les projets d’enfants ne sont pas à l’ordre du jour pour Vasyl. Son boulot passe avant tout le reste, une idée qu’elle n’est pas prête à accepter. Elle le quitte, retourne au Japon, lui envoie les papiers du divorce deux semaines plus tard. Ogura se retire du contrat avec THM. (2027)

pseudo : alhazen. âge : vieillesse. pays : mon jardin, confinée comme il faut. présence : variable (j'ai des horaires perraves des fois je disparais mais je reviens toujours suspirium. 1743059374

). que penses-tu du forum ? trop de love. bizutage accepté ? c'est mort. scénario/pré-lien ou inventé : inventé ma biche. crédits : doomdays quelque chose à ajouter ? reboot n°2. code à remplir :
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repello wizard

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(summer 2004) La main puissante de sa mère s’abattit sur la table avec la force d’un battoir. Les couverts tintèrent, dégringolèrent bruyamment des assiettes dans le silence assourdissant qui figea soudain la pièce. La marmaille se tut instantanément, lippes mordues dans une moue contrite, l’ombre d’un rire hantant encore leurs visages ronds. Ce n’était jamais bon quand elle commençait à taper sur les meubles, bientôt ce serait sur leurs crânes de piaf que les coups pleuvraient. Depuis que leur père était parti en prison, la patience de Mariya s’était amenuisé jusqu’à devenir quasiment inexistante et elle avait repris le rôle qui d’ordinaire incombait à son mari : celui de recadrer ses gosses indisciplinés. Yasen s’immobilisa sous le regard noir de Mariya, l’air terrifié, les cheveux collés par la soupe que Ksenia lui avait jeté au visage à l’aide d’une catapulte improvisée. À sa gauche, il sentait plus qu’il ne voyait Ilya réprimer un fou-rire incontrôlable alors qu’il dardait un regard méfiant sur le visage de sa mère, dont la teinte virait lentement au cramoisi sous l’effet de la fureur. Nastya, minuscule dans son pyjama bleu, regardait la scène sans ciller du haut de son réhausseur, terrorisée. Ses sourcils blonds s’arquaient bizarrement au dessus de ses yeux, et il lui sembla qu’elle était sur le point de pleurer. Et puis, comme un film au ralenti, l’immobilité vola en éclats au son des invectives crachées en ukrainien qui ricochèrent contre les murs de la petite cuisine sombre. L’index pointé vers la porte était sans équivoque et Yasen et Ksenia filèrent sans demander leur reste — les deux autres plongèrent le nez dans leurs assiettes dans un silence religieux tandis que Nastya se mettait à chouiner, les bras tendus vers sa mère, qui la hissa sur sa hanche avec brusquerie, le front encore plissé de colère. Elle pesta à mi-voix jusqu’à la fin du repas, auquel elle ne toucha même pas. Elle avait le dos tourné quand Ilya se pencha vers lui : « Tu paries combien que Yasen a mis la tête de Ksenia dans les toilettes ? » Le murmure creusa un sourire dans sa joue. Il coula un regard prudent à l’autre bout de la pièce. « La prochaine semaine de vaisselle. » Ils se serrèrent la main sous la table.

1.

(2017) Elle avait un regard captivant. Une bouche pleine. Et un sourire. Son sourire, mon dieu. Il entendit son rire s’élever du petit groupe qui discutait à quelques mètres de là. Le son éclata comme une bulle de champagne, léger, éphémère. « Who is she ? » Oxentine releva la tête de son téléphone, où sa messagerie instantanée laissait pleuvoir des bulles en salves continues. Il s’ennuyait, comme toujours dans ces beuveries étudiantes où il le traînait pourtant tous les deux jours. Bref rictus : « Not a girl for you. Chetwynd’s daughter. Guess her name’s Leonora, or Leonor, or something like that. Very bourgeois. » Il ne l’avait encore jamais vue, dans ces soirées où les mêmes visages revenaient sans cesse, quand bien même personne ne faisait l’effort d’apprendre à se connaître. Ain’t nothing that I can’t reach, ajoute-t-il pour lui-même. Il connaissait les Chetwynd de réputation. Pas des meilleures, en outre, et de ce qu’il savait, Augustus en particulier était tout droit sorti d’un de ces moules traditionnels et ultra-conformistes, avec ce qu’il fallait de condescendance pour illustrer avec perfection tout ce que Vasyl détestait viscéralement. « Hey look, » sa canette claqua discrètement contre la table lorsqu’il la reposa. Il se détourna enfin de sa contemplation de Chetwynd. Hoax lui tendit son téléphone : la réponse à un mail occupait tout l’écran et brillait presque autant que le regard de son acolyte. « Ogura est intéressé par le projet, il dit qu’il veut nous rencontrer dès que possible. — En visio ? — À moins que tu aies un moyen plus rapide pour aller à Tokyo demain ? On aura jamais d'autorisation de déplacement aussi rapide. Les japonais sont toujours aussi ergoteurs. — Ça peut se négocier. — Tu as toujours un contact au département des transports ? — Ça se pourrait… — Dans ce cas. » Un bruit de verre brisé. Une coulée de vin rouge vint tâcher leurs genoux ; ils se levèrent d’un bond, Oxentine secoua son téléphone, projetant des gouttelettes de vin un peu partout. « What the... — Oh my god, I’m so, so sorry ! » Vasyl sentit ses tripes fondre d’un bloc. Chetwynd épongeait les dégâts avec un paquet de serviettes en papiers, le teint rose vif, tandis qu’une de ses amies lui reprochait une maladresse qu’il fut loin de regretter.
Vasyl sauta sur l’occasion. Lui offrit un nouveau verre sous le regard mécontent de Hoax, qu’il laissa avec un vague sourire sans une once de regret en dépit de l’expression franchement contrariée du sorcier.
Un verre, une première sortie annonçant la multitude à venir, des messages envoyés à des heures indues, des promesses d’avenir à peine formulées, la sensation que quelque chose prenait forme et vie dans un coin reculé de son cerveau, qu’il ignorait vacant avant ce jour là. Who said she wasn’t a girl for me ?

(november 2025) Elle avait les pieds doux, le pas discret, la colère digne, froide et muette. Ren ne criait jamais. L’air qu’elle brassait en silence en sillonnant les pièces de l’appartement vibrait d’ondes désapprobatrices. Les portes claquaient. Les tiroirs s’ouvraient et se refermaient sèchement, tandis qu’elle ordonnait à ses affaires de se ranger en piles bien nettes dans les trois valises ouvertes sur le sol de la chambre, les mouvements fluides de sa baguette en désaccord avec ses épaules crispées et son visage fermé. Il voyait leur foyer se vider de sa présence, comme une nuit sans lune lavant l’éclat spectaculaire d’un soir d’été. La scène lui en rappelait une autre, près de cinq ans auparavant, remuait un malaise peu démonstratif, auquel il réagissait en se fermant comme une huître. La même déception latente, les mêmes cadavres de promesses informulées gisant dans le gouffre qui se creusait lentement entre deux adultes supposés, mais dont l’irresponsabilité de l’un suffisait à elle seule à expliquer ce krach affectif. Vasyl n’aurait, une fois de plus, plus qu’à contempler les ruines de son mariage du haut de sa tour d’ivoire. Il entrevoyait d’ores et déjà la couleur des jours à venir, faites de signatures de contrats, réunions à n’en plus finir, rappels à l’ordre et hurlements réconfortants brisant le silence des laboratoires, le tout nimbé d’une solitude amère à en ronger le coeur, à laquelle seule la gnôle saurait pallier. La gnôle, et sa foutue suffisance. Tout serait bon pour oublier. Oublier plutôt que d’assumer, il savait faire. « Please don’t do that. You’re taking it wrong. — I think I don’t, actually. » Elle se tint un instant devant lui, droite, les poings arrimés à la taille dans une attitude de défi. La lumière douce de la lampe de chevet rendait sa peau plus pâle qu’elle ne l’était déjà. Un teint de porcelaine. « You married me. You made vows. Honesty, loyalty, and whatever bullshit you promised me that day. Twice. And now, I find out you have a five years old daughter that you never had the decency to recognize. You left her mother alone with a kid in charge for you work. » Une migraine pointait le bout de son nez ; du pouce, Vasyl massait sa tempe douloureuse, retenant l’envie de s’en griller une. Il ne répondit rien. Ne put que la regarder, accuser le regard nu et coupant qu’elle dardait sur lui, implacable. « I want kids, Vasyl. And I truly wanted them to be yours, but I can’t trust an asshole whose job comes before family. I deserve better. »
D’un mouvement de sa baguette, Ren referma les valises, qui la suivirent docilement lorsqu’elle quitta les lieux, le laissant dans un silence dévastateur.

(2028 january 1st, 7:00 AM) « Veranes ne répond pas. J’ai appelé trois fois son bureau, son numéro personnel, et ça sonne dans le vide. Toutes les communications sont... » Le soupir qu’il laissa filer entre ses dents serrées interrompit le stagiaire dans ses futiles justifications, dont les joues glabres se marbrèrent de tâches disgracieuses. À le voir balbutier et se tordre les mains de trouille, Vasyl se demanda une fois de plus par quel tour de force ce crétin hantait encore les couloirs de l’entreprise. Encore un dont le CV pimpant, lisse à pleurer, tartinait d’illusion le degré d’incompétence dont il faisait preuve une fois loin des bancs de la fac. « Are you a fucking wizard or not ? Démerde-toi pour qu’elle se pointe dans l’heure, et je me tape complètement de la façon dont tu t’y prendras pour la contacter, c’est pas comme si les moyens de communications manquaient dans cette putain de ville, je crois ? Et dis à Trawick que j’ai besoin de le voir, tout de suite. » Le stagiaire battit en retraite, semant derrière lui trois feuillets noircis d’encre dans sa hâte de quitter le bureau. Derrière la vitre opaque du bureau, son ombre se dépêcha de récupérer d’un coup de baguette les bouts de dossier avant de disparaître au pas de course.
Il s’effondra dans le fauteuil en cuir de dragon, une paume nerveuse passant et repassant sur son menton rugueux, un oeil torve fixé sur les allers et venues du couloir; ça courrait, braillait des ordres en renversant du café au sol tandis que des patronus et des hiboux en papier volaient au dessus de leurs têtes, des messages monosyllabiques et urgents coincés dans le bec.
Urgent.
Le ton était donné depuis l’aube, lorsque l’état de guerre et la suspension des échanges commerciaux étaient venue couronner avec brio le fiasco de la nuit dernière. L’armée s’était déployée aux frontières et l’électricité n’était toujours pas revenue, ce qui ne l’avait pas empêché de rameuter tout le monde au bureau à une heure indécente. Ce monde se foutait de sa gueule. « T’avais besoin de me voir ? » Trawick avait les traits tirés de ceux qui ne dorment pas assez, mais comme le reste du bureau, il était parfaitement réveillé. De toute façon, il doutait que personne ait réussi à trouver le sommeil cette nuit. Lissant sa chemise (froissée), Trawick s’assit au bord de son bureau, tirant un paquet de roulées de sa poche arrière. Ils échangèrent un regard. Oui, il avait besoin de le voir. Il ne savait quoi dire, en vérité. Le silence se prolongea, chargé de questions et d’inquiétudes, avant qu’ils n’évoquent la masse de problèmes qui se profilaient à l’horizon d’une voix maîtrisée, jugulant l’épouvante latente. Ils ne parlèrent pas explicitement du coup d’état. Ni du meurtre des Ministres. Encore moins de leurs proches. Trawick avait une famille, des gosses en bas âge qui souriaient sur le fond d’écran de son téléphone et s’alignaient sur les étagères de son salon. Tout ça resta étouffé sous les considérations pratiques, qui concernaient uniquement l'avenir incertain de Sophos, leur calendrier surchargé, anéanti par les nouvelles de la nuit.

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