" Papa, pourquoi maman a le ventre rond ? "
" Ma chérie, tu vas devenir grande soeur."

Elle avait regardé son père avec des yeux incrédules, ne comprenant pas à l'époque, que "grande sœur" voulait dire "responsabilités supplémentaires", voulait dire "fini le bonheur d'être la seule pierre précieuse de son père". Elle avait souri. Elle avait fait un câlin à son père et elle en était resté là, jusqu'à la naissance du deuxième enfant de la famille. Annie et Seamus aimaient leurs enfants par-dessus tout et Amelia le savait. Alors, quand la mère de la demoiselle mit au monde un troisième et un quatrième enfant, elle n'eut plus aucuns doutes sur le fait qu'elle devrait protéger un bon nombre de personnes dans sa vie. Pour Amelia, la famille est importante. Tellement importante qu'elle pourrait mourir pour eux. Depuis sa tendre enfance, elle ne cessait de les protéger de leurs propres bêtises, de leurs propres disputes. Elle les couvrait de bonheur.

Wendy. Sa petite sœur. La prunelle de ses yeux. Si Amelia devait protéger quelqu'un dans sa famille, c'était elle. Wendy est un ange, une petite perle. Elle était tout pour la famille. La mini-Amelia. Tout le monde le disait, tout le monde en rigolait. Mais cela n'en faisait pas moins le membre de la famille le plus sage et à l'écoute.


" Papa ! Je suis une Serdaigle ! "

Pendant toute son enfance, son père lui avait raconté ses anecdotes lors de ses études à Poudlard. Amelia a toujours rêvé y aller et y vivre ses aventures à son tour. Elle rêvait de pouvoir revenir à chaque vacance, à chaque été, pour raconter ce qu'elle vivait là-bas, à son père. Car oui, Amelia était proche de son père, plus que ses frères et sœurs, car elle était la première. Elle était le joyau de Seamus, et il l'aimait plus que tout au monde dès le début de sa naissance. Amelia aussi, aimait son père. Elle aurait donné sa vie pour le voir, pour lui parler, pour sentir sa présence auprès d'elle. Son père était l'amour de sa vie à l'époque, le seul et l'unique.

Chaque enfant Finnigan avait sa capacité particulière.

Amelia était audacieuse, avenante et avait soif d'apprentissage, ce qui l'avait propulsé chez les Serdaigle.
Wendy était douce, sage et à l'écoute, elle était à Poufsouffle à Poudlard.
Le troisième enfant était quelqu'un de sauvage et très énergique, une terreur, un Serpentard de surcroit.
Et le quatrième était courageux et déterminé à protéger son monde, un Gryffondor au grand coeur.

Chaque enfant de la famille avait fait partie d'une maison différente. C'était leur particularité chez les Finnigan. Ils étaient les pièces d'un puzzle.

Et malheureusement, ce puzzle s'éclatera bien des années plus tard.


" Mademoiselle Finnigan, vous êtes détentrice d'un vrai don pour la magie et l'art de la baguette vous savez ? "

Quand le Professeur Flitwick commença à lui vouer des éloges sur son art de manier la baguette, de répliquer avec des sortilèges simples ou de défenses, elle y vit son destin. Elle y vit la future tireuse d'élite qu'elle deviendrait par la suite. Amelia a toujours été une très bonne élève dans toutes les matières. Il lui est arrivé de détruire des chaudrons, des verres et toutes autres objets, comme son père au début de sa scolarité, mais ce sont des moments qui lui ont permis d'être meilleure. C'était son objectif. Être la meilleure. Elle le faisait dans le simple but d'être la plus parfaite au monde aux yeux de son père et de sa mère, pour leur montrer qu'elle est forte, qu'elle a du "pouvoir" sur ce monde qui les entoure.


2021. Après la fin des études à Poudlard de Amelia, survint l'arrestation de Seamus Finnigan, père aimant. Il était condamné pour meurtre. Autant dire que pour Amelia, ce fut un choc considérable. Son père adoré, son homme préféré, celui qui racontait des histoires avant de s'endormir et qui l'aidait à s'entrainer pour le combat en corps à corps ou les duels magiques... Il avait tout ruiné en assassinant quelqu'un. Amelia y croyait. Dur comme fer, elle croyait aux balivernes du gouvernement. Elle n'essaya pas d'écouter la version de son père. Elle fut bien la seule de la famille à le "renier" littéralement. Mais cette réaction était très logique. Elle était l'ainé, la première, le joyau. Elle aurait du être au courant des agissements de son père et l'en dissuadé. Au lieu de cela, elle l'apprit comme tout le monde, dans la Gazette du Sorcier, un matin en allant se rendre à son troisième jour de travail à la brigade de la police magique. Son troisième jour se transforma en cauchemar. Le quatrième, le cinquième, et ainsi de suite. Elle passa une année terrorisé par ses collègues, perdue sans l'aide de son père, meurtri par le mensonge.

Dina. Sa tante. Suite à l'arrestation de Seamus, elle essaya d'être là pour elle, pour sa famille, pour sa mère. Mais Amelia n'a jamais apprécié sa tante. C'est bien la seule personne qui ne lui revient pas. Peut-être qu'au fond, Amelia sait qu'elle est liée à l'emprisonnement de son père ?

Annie. Sa mère. Après l'emprisonnement de son mari, elle a très mal vécu ses années seule avec ses enfants. Amelia n'a jamais réussi à nouer de forts liens avec elle, alors, elle a tenté de l'aider. Seulement, Amelia n'a pas réussi. Personne n'a réussi, sauf un autre homme dont elle entend parler mais dont elle ne voit jamais le visage. Un homme fantôme aux yeux de Amelia.

A partir de cette arrestation, Amelia s'éloigna de sa famille. Elle perdit le contact, ne donnant plus de nouvelles, regardant au loin l'évolution de ces frères et soeurs en espérant au plus profond d'elle qu'ils ne basculeront pas vers le côté obscur de la vie. Comme leur père.


L'amitié. Amelia a su trouver en certains une amitié incroyable. Un lien qui unit la demoiselle pour toujours à des personnes qui seront toujours là pour elle. Seulement, elle a peur. Elle a peu confiance aux gens. Après ses premières années dans la brigade, elle s'est fait une place. Elle a pris de l'assurance. Elle est devenue quelqu'un. On a cru qu'elle était frêle, trop fragile pour le poste. Amelia a montré sa valeur à ses camarades, à ses concurrents. La rage qu'elle avait envers son père a fait naitre en elle une force incroyable. Amelia est devenue une combattante hors paire. Elle est devenue une tireuse d'élite par la suite. En quelques années, elle a gravi les échelons. Ce qui manque à la jeune femme aujourd'hui, c'est l'amour d'un homme. L'amour sincère et éternel. Elle n'y croit pas. Elle pense que ce sont des futilités. Pourtant, il doit bien être là, très proche d'elle. Quand elle tombera amoureuse pour de vrai, dans sa vie, peut être que la combattante laissera tomber son voile ? Peut-être qu'elle laissera paraitre sa sensibilité et sa douceur ?

Entre temps, il y a eu toutes ces rébellions liées au gouvernement, liées à la division des deux mondes magiques et non magique, elle aimerait avoir un point de vue, y prendre part. Cependant, à part vivre le chaos que tout cela crée dans son monde, elle préfère rester neutre vis à vis de tout cela et observer de loin. Le jour où il faudra faire un choix, elle le fera. Le jour où on lui demandera de choisir entre son monde et sa famille, elle le fera. Elle est capable de faire des choix, mais à ce jour, Amelia est simplement capable de survivre dans ce monde et espérer au plus profond d'elle qu'un jour l'alliance dont parlait son père resurgira. Car oui, Amelia pense qu'un jour, cette alliance, cette rébellion, devrait ressurgir elle aussi. Elle devrait faire face contre la renaissance du phénix, contre les héritiers de Salem, contre le gouvernement, contre toute cette politique. Elle se rappelle souvent les dires de son père à l'époque. C'était plus simple à son époque, lors de sa jeunesse. Elle avait adoré entendre parler de l'Armée de Dumbledore et de toutes ces péripéties contre le Professeur Ombrage, par exemple. Mais tout cela, est impossible à reproduire dans le monde dans lequel elle vit aujourd'hui. Des gens meurent ; des camps se forment. Alors Amelia ne prend aucun parti, mais elle fait régner l'ordre.


2029. Son père est sorti. La douleur et la rage font à nouveau surface. Sa seule peur est de le croiser. Elle a peur de perdre son sang-froid. Elle le déteste pour toutes ces années sans nouvelles, sans explications nécessaires. Elle déteste d'avoir abandonné sa famille, ses sœurs, ses frères, sa mère et elle. Si elle croise, elle risquerait de vouloir le tuer. Peut-être. Éventuellement. C'est ce qu'elle pense. Elle en serait surement incapable. La douceur dont elle pouvait faire preuve envers son père n'existe plus depuis des années. Il serait bien surpris du caractère et du comportement de sa fille aujourd'hui.