Rangé. « Paumé oui » A retourner les tiroirs, vider les placards. Le manoir était vaste, et ils n’étaient que deux. Désespérément deux. « Je t’avais dit de le laisser dans la bibliothèque la dernière fois » « La salle d’étude. » « Non, la bibliothèque. » D’aucun diraient que l’ambiance était tendue, mais eux, y étaient habitués. Trop affairés à faire toutes les pièces et à se lancer des piques comme on se cracherait dessus, elle soupira. « On va pas y passer toute la soirée. » Sa main impatiente sortit la baguette. « Cassandre, non ! » Incertains, et peu habitués à la technologie humaine, utiliser la magie pouvait peut être faire cramer, ou exploser, l’introuvable artefact. « Accio ordinateur. »
Un bruit sourd s’écrasa de l’autre côté du mur.

Dans le corridor, le Mac Book venait de s'exploser contre la tapisserie du XXIè siècle.


Assis, sans un bruit, il était rare que les deux soient dans la même pièce autant de temps. Immobiles, hypnotisés. La douce lueur bleue de l’écran les englobait. Devant le nouvel ordinateur prêté par un collègue, les pixels se mouvaient avec douceur. - .. Ce sont des veufs, des veuves. Mais il n’y a pas de mots pour les parents qui perdent un enfant. C’est indescriptible. Silencieux. Si les larmes avaient arrêté de couler depuis bien des années, la douleur elle, restait présente. Participer au talk show d’Arun Ramesh était un coup calculé. Ça les blessait juste au passage. - Et qu’avez-vous à leur dire, à eux, s’ils nous écoutent ce soir ? « C’est là. » Là ou résidait tout l’intérêt, au final. Il lui répondit par un haussement de sourcils. - J’aimerai.. Les trois dernières fois que Cassandre avait dit ‘C’est là’, au final, ce n’était pas là. - J’aimerai leur dire.. Cassandre serra ses mains entre elles.  Cut sur Arun qui acquiesce, l’interviewée devenue voix-off. - La haine n’engendre que la haine. « Quoi ? Non ! » Il soupira. Cut sur Cassandre, le temps de la voir dire .. Vivre séparés.. puis cut sur des images de l’Angleterre ségréguée.
Cut sur d’autres paroles trafiquées.
Fin de l'émission dans la nervosité.
« C’était une bonne idée. » « Un désastre. » « La Dictature de l’ennemi nous censure. J’appelle ça une victoire. »


Non, elle, elle appelait ça un désastre.


La secrétaire en face d’elle pianotait nerveusement sur son clavier, et plus elle tapait vite, plus le talon de la leader de la Rebellion martelait le sol marbré. « Navrée Madame mais- » « Cherchez encore. » En territoire partagé entre sorciers et moldus, Cassandre ne pouvait délibérément s’introduire dans un bureau pour exiger un rendez-vous – et c’était bien dommage. A patienter suffisamment de temps auprès de la quinquagénaire en pleines bouffées d’adrénaline lui faisait au moins gagner du temps. Il allait bien sortir de son bureau, à un moment.  « Je suis confuse, mais aucun rendez-vous n’a été planifié avec Mr. Ramesh et son emploi du temps est malheureusement très- » « J’ai personnellement envoyé plusieurs hiboux. » « Des.. » Le rythme de son talon s’accéléra. « Vous savez : soit on fait bien son boulot, soit on ne le fait pas.» L’employée balbutia. Cassandre s’assit. « J’attend.»

Les mains tremblantes se saisirent d’un combiné dans lequel elle parla à voix basse.


Quelques minutes passèrent. On mentionna son nom, et son crâne se tourna vers la femme qui lui était présentée par la secrétaire. Avani. Etaient-ils interchangeables dans cette famille ? « Cassandre Zabini. » comme seule introduction « Puis-je m’entretenir ? »
Comme si elle allait faire demi-tour.